Le jeûne est une période critique de l’équilibre glycémique chez les patients diabétiques, qui nécessite une préparation et des conseils médicaux spécialisés. Il y a très peu de recherches importantes sur le jeûne, ne permettant pas de recommandations fondées sur des preuves pour toutes les thérapies possibles.

les corrections apportées par un médecin au cours du mois de Ramadan augmentent la sécurité pendant le jeûne. En ce sens, le soutien des patients est nécessaire.

Évaluation médicale avant le Ramadan et évaluation des risques de jeûne

Le médecin traitant doit faire, 1 à 2 mois avant le début du ramadan, une consultation spéciale pour ces patients, permettant de :

  • Évaluer l’équilibre glycémique: le jeûne ne doit pas être “autorisé” si l’HbA1c est supérieure à 10%, si le patient présente une hypoglycémie fréquente ou non détectée et en cas de diabète instable.
  • Rechercher d’éventuelles comorbidités pouvant s’aggraver lors du jeûne, notamment l’insuffisance rénale chronique (clairance de la créatinine <60 ml / min), l’insuffisance hépatique, l’angor instable ou l’insuffisance cardiaque.
  • Expliquer au patient quels changements thérapeutiques doivent être apportés, ainsi que les règles de régime alimentaire, qui consistent essentiellement à maintenir les mêmes calories pendant le Ramadan entre le repas de la rupture du jeûne (Ftour) et celui du lever de soleil (Shour).

Tableau I : Définitions des niveaux de risque associés au jeûne chez les patients diabétiques.

Très haut risque Hypoglycémies non ressenties Hypoglycémies répétées Hypoglycémies sévères au cours des 3 derniers mois  Patients déséquilibrés, acidocétose ou hyperosmolarité dans les 3 mois précédents Dialyse Diabète de type 1 Grossesse  
Haut risque Insuffisance rénale Complications dégénératives avancées HbA1c entre 7,5 et 9,0 %, ou glycémie moyenne entre 1,5 et 3,0 g/l Patient vivant seul sous multiple injections ou sulfamides hypoglycémiant Sujet âgé avec comorbidité Patient sous traitement affectant l’état mental  
Risque modéré Patient bien contrôlé sous insulino-sécréteur d’action courte (glinides)  
Faible risque Patient bien maitrisé sous règles hygiéno-diététiques, metformine, glitazone, acarbose et/ou traitements ciblant les incrétines ; autrement dit les diabétiques en « bonne santé »  

Quels sont les principaux risques pour les diabétiques qui décident de jeûner pendant le Ramadan ?

Les principaux risques pour les personnes atteintes de diabète sont l’hypoglycémie (faible taux de sucre dans le sang) et l’hyperglycémie (taux élevé de sucre dans le sang), la déshydratation et les accidents vasculaires cérébraux.

L’arrêt du jeûne

Les diabétiques qui décident de jeûner doivent être conscients que certaines circonstances peuvent les obliger à rompre le jeûne. Cela peut se produire en cas d’hypoglycémie (glycémie en bas de 4,0 mmol/L) ou d’hyperglycémie marquée (glycémie en haut de 16,5 mmol/L).

Lorsque le jeûne est rompu :

  • Gardez votre horaire de repas stable
  • Évitez le grignotage  
  • Consommez des repas équilibrés
  • Buvez beaucoup d’eau

En tout temps :

  • Évitez les activités physiques de haute intensité
  • Mesurez souvent votre glycémie.
  • En cas de problème, consultez votre médecin.

La diététique durant le Ramadan

Si vous êtes autorisé à jeûner, structurez vos prises alimentaires autour de 3 vrais repas :

Avant l’aube (Shour), prenez un petit déjeuner riche en féculents complets(pain, pâtes, riz) qui vous maintiendront jusqu’au coucher du soleil, réduisant ainsi le risque d’hypoglycémie.

A la pause rapide (Iftar), prévoyez un repas équilibré avec des crudités (carottes, tomates …), de la viande, des féculents complets (macaroni complète), du yaourt et des fruits en dessert (pomme, poire …). Limitez les aliments gras et sucrés.

La nuit, au lieu de grignoter, faites un repas vraiment équilibré, comme pendant l’Iftar.

Évitez au maximum les pâtisseries ou des biscuits entre les repas. Ces aliments, souvent très sucrées, peuvent rapidement augmenter votre glycémie. Il vaut mieux en consommer en petite quantité en fin de repas.

L’hydratation est nécessaire et doit être répartie pendant les périodes d’alimentation, avec une augmentation de prise au repas de l’aube (Shour). Évitez les boissons gazeuses trop sucrées.

Enfin, une activité physique légère à modérée est recommandée durant ce mois, sans exercice intense en cas de risque d’hypoglycémie. Les prières prolongées après la rupture du jeûne (appelées «Tarawih») sont considérées comme faisant partie de l’activité physique quotidienne.

Quelle est la meilleure façon de suivre le traitement pendant le Ramadan ?

Renforcez l’auto surveillance de la glycémie en mesurant la glycémie avant chaque repas et au moins deux fois pendant le jeûne.

Si vous souffrez d’hypoglycémie (<70 mg / dl) ou d’hyperglycémie (> 300 mg / dl), arrêtez immédiatement le jeûne et prenez rendez-vous avec votre médecin.

Évitez de rester seul pendant le Ramadan. Et entraînez les gens autour de vous à reconnaître les signes de déshydratation et d’hypoglycémie, afin qu’ils aient le bon réflexe.

source : https://diabetesvoice.org/fr/prendre-soin-du-diabete/puis-je-faire-le-jeune-du-ramadan-avec-le-diabete/